Mon fiston a 4 ans et demi, c’est un enfant doux et adorable. Mais geule d’ange ou pas, il n’en reste pas moins un petit garçon comme les autres et il a depuis peu glissé bancalement mais passionnément dans la fameuse période  »pipi-caca » pour parler poétiquement correct.
Depuis 6 mois, il a la tête dans la cuvette des toilettes, avec de temps à autre de légers moments de repris…
Pipi, caca, vomi, prout, pet, h’nouna, crotte de nez… tant de nouveaux mots en si peu de temps, attention Noam, il ne faudrait pas affoler ton vocabulaire habituellement si primitif!   

-Vous avez fait quoi à la maternelle aujourd’hui ?
-On a fait du caca.

-Vous avez mangé quoi cet après-midi avec les copains ?
-Rien. Ah si, du caca et du pipi !

-Comment je suis avec ma nouvelle robe?
-Belle, comme du caca!

C’est vrai que c’est quand même vachement rigolo tous ces petits mots bien dégueux il faut l’avouer !
Je me rappelle moi-même avoir bien pouffé plus petite, j’ai été une grande fan de la période  » pipi-caca  » et je m’en suis donnée à cœur joie.
Le problème, c’est que moi, je n’en suis jamais réellement sortie. J’ai à ce jour 29 piges mais je suis toujours en plein dedans. J’ai gardé un humour enfantin et j’me marre donc bien avec mon fils… Et c’est bien là le problème… sa période crado n’est pas prête de se terminer si je continue à glousser à chacune de ses blagues à la con.

Mais il faut dire que ma maman ne m’a pas vraiment aidée à en sortir non plus.
Mon enfance a été bercée par la blague de la petite pomme et de la crotte; blague des plus glauques racontée par ma mère avec tant de passion et d’enthousiasme qu’il serait impossible à quiconque de ne pas s’attendrir à l’écoute de son récit.
Il fallait la voir nous la raconter !! Elle en pleurait de rire, son corps en entier en était secoué, c’est à peine si elle réussissait à arriver jusqu’à la chute finale tant elle pouffait !

Vous connaissez la blague de la p’tite pomme et de la crotte ??
Non ?? Vraiment ?? Mais il faut absolument que je vous la raconte !!

 »Sur un chemin de campagne en automne, non loin d’un magnifique pommier, une petite crotte s’ennuyait.
Un coup de vent, et tombe, puis roule près d’elle une très jolie pomme.
Toute heureuse d’avoir enfin de la compagnie, la petite crotte dit :  
– Bonjour !
Pas de réponse.
– Bonjour ! dit à nouveau la petite crotte.
Toujours pas de réponse.
– Oh ! Tu es sourde ou quoi ? Je t’ai dit bonjour !
La pomme se tourne :  
– Pardon ? C’est à moi que tu causes ? Non mais tu m’as vue ? Et toi, tu t’es bien regardée ? Moi belle, ronde, rouge et brillante à souhait, et toi misérable petite crotte ! Et tu crois que je vais t’adresser la parole ? Tu rêves !
La petite crotte est très triste, elle ne répond rien et se tourne pour ne pas que la pomme voit ses larmes.
Vînt à passer sur ce chemin un gamin, sautillant et chantonnant: « Lalala lalala… »
Il passe près de la crotte et la contourne. Puis soudain il remarque la pomme, se baisse, la ramasse et la mange.
Alors la petite crotte dit à la pomme :  
– A tout à l’heure ! »  

Allez, avouez que vous avez rigolé!
Alors souri?
Vous avez au moins feint un demi sourire j’vous ai vues !   

De toutes les manières avec une enfance bercée sur fond de pomme qui se transforme en crotte comment voudriez vous que je devienne une maman raisonnable ?  

Je pense que quoi qu’il en soit la bataille avait été perdue d’avance à l’arrivée au monde de mon fils.
Le ton avait déjà été donné sur le genre de maman que je serai dès mon premier jour à la maternité, lorsque pour mon premier change, mon fils m’avait fait un caca verdâtre sur le bras et que j’étais partie dans un fou rire phénoménal devant l’infirmière interloquée.
Incapable de m’arrêter de rire, elle avait dû finir de le changer seule pendant que je continuais de contempler son petit visage tout rouge et grimaçant qui s’efforçait d’évacuer ses premières selles. Aah les expressions de nos petits loulous lorsqu’ils se lâchent, c’est une des 10 choses à voir absolument avant de mourir !

D’ailleurs j’en ai quelques clichés, ça me redonne le sourire aux lèvres les soirs d’orage… et pour toutes celles qui croyaient que l’histoire de la maman qui prend en photo le premier caca de son enfant au pot est un mythe je suis navrée mais il est de mon devoir de casser ce mythe.
Moi je l’ai fait. Et je l’ai même partagé. Si, je vous assure, sur le groupe WhatsApp de la famille. Mon fiston m’avait fait remarquer qu’Eliana avait fait un caca en forme d’étoile de mer. Et moi l’art, je pense que ça se partage.

Le problème, c’est qu’à cause de Noam, ma fille de 2 ans commence à s’y mettre elle aussi.  
Non que le fait qu’elle soit précoce ne me dérange, mais j’aurais juste préféré que cela soit dans un autre domaine tout de même…  

Avant de les laisser dans les bras de Morphée nous avons le petit rituel de la chanson  »Bonne Nuit ».
Je vais tour à tour dans chacun de leur lit pour leur chanter une chanson que j’ai inventée et en gros ça donne ça :
 »Bonne nuit Noam, bonne nuit ; Bonne nuit Noam, bonne nuit.
Bonne nuit Noam, bonne nuit ; Bonne nuit Noam, fais de beaux rêves.
Bonne nuit Noam, bonne nuit ; Bonne nuit Noam, je t’aime très foooort »  

Bon là je ne peux pas y mettre le ton mais comme vous le voyez c’est une chanson relativement simple. Sauf que depuis 10 jours Noam m’a demandé de transformer  »Noam » en  »Caca ». Et me voilà donc depuis 10 jours à lui souhaiter une  »Bonne nuit Caca, bonne nuit ».
Jusque-là malgré l’étrangeté et le non conformisme de la situation, pour moi tout va encore relativement bien.  

Seulement hier soir lorsque j’ai commencé à entonner à ma fifille le fameux  » Bonne nuit Eliana, bonne nuit », cette dernière m’a reprise, et d’un ton qui se voulait très autoritaire elle m’a enjointe :   » No mama! : bonnuit Caca, bonnuit! »
Et quand j’eu enfin fini de lui chantonner  » Bonne nuit Caca, bonne nuit » (non sans quelques ricanements lourdingues), et qu’après lui avoir fais mes gros bisous baveux je suis descendue de son lit, j’ai trouvé Noam, adossé au coin de la porte de la chambre, les mains jointes sous son menton, la tête penchée sur le côté et les yeux brillants qui m’a dit  » Oohh maman, elle est trop mignonne Eliana, je l’aime trooop fort.  »

Alors entre vous et moi, je crois que l’histoire est mal barrée… il m’a tout l’air d’avoir hérité de mes gènes! (et par la même occasion de ceux de ma tendre maman).

Signé: Une maman sans complexe ( ou presque).   

 Ah au fait… petit plus santé : NE JAMAIS RETENIR UN PET!
Sinon il traverse votre corps, remonte jusqu’à votre cerveau et c’est comme ça que naissent les idées de merde 😉