De 1 a 2... Le jour ou le ciel m'est tombé sur la tête.

Ma vie de maman

Je suis une maman perfectionniste, comme beaucoup d’entre nous. 

J’essaie d’être la meilleure maman du monde. Je me vois un peu comme Wonder Woman, un petit bout de bonne femme avec une longue cape rouge et un masque noir (vous savez, ce truc ridicule qu’elle se met sur les yeux pour se donner un air mystérieux), la cellulite et les cernes en plus. Une Wonder Woman déterminée à faire de son mieux, qui s’efforce à essayer de s’envoler dans les cieux mais qui ne réussit généralement qu’à se ramasser lourdement la gueule.
 » Oups! non non, je ne suis pas tombée! Le plancher avait l’air triste, j’ai pensé qu’il avait besoin d’un câlin……  »
 

Les seules pirouettes en l’air que je parviens à faire sont lorsque je marche sur un lego dans la maison retournée par mes 2 tornades, quand je trempe mon petit doigt dans le bib d’ Eliana pour vérifier la bonne température et que  » merde la flotte est bouillante, pouvait pas prévenir?!  » ou qu’au beau milieu de la nuit, entrouvrant un œil après avoir été réveillée par mon  »détecteur de micro- bruits suspects » je découvre une petite chose debout au pied de mon lit, les yeux grands ouverts, qui m’observe dormir en me chuchotant d’une voix flippante:  » maman, j’ai chaud, vient me faire le l’air avec ton éventail!  »
Oui oui tout à fait et tu veux pas aussi que je t’amène un plateau de macarons en dansant la lambada tant qu’à faire?? 

J’arrive souvent à me dépasser et pourtant, à chaque fois que je hausse le ton sur mes enfants ou perds patience, je m’en veux terriblement et remets en doute mes capacités à être une bonne personne et une bonne mère. 
Je travaille tellement sur moi-même que lorsque j’échoue j’ai envie de m’envoyer des baffes ou de m’arracher les cheveux. Au choix. 

Lorsque je n’avais que mon fils, j’avais tout le temps du monde pour m’en occuper et le chouchouter. Dès que les beaux jours arrivaient je l’emmenais au parc tous les jours après la maternelle, puis je le mettais à se détendre dans un long bain, ensuite je m’asseyais avec lui pour lui donner à manger, je lui racontais plusieurs histoires assis côte à côte dans mon lit, et on terminait par se faire de gros câlins sous la couette pendant un long moment…   
Mes journées étaient belles et légères, sereines et merveilleuses. Je n’avais que lui et je pouvais me consacrer totalement à lui. 

 

Quand 2 ans et demi plus tard ma fille est arrivée, après l’euphorie des premières semaines le ciel m’est tombé sur la tête.

Mon mari travaillait énormément. Il était sur un nouveau projet avec un ami, et après sa journée de travail ils se retrouvaient dans un café pour bosser dessus pendant que je restais seule avec mon fils et un nouveau-né, pendant de longs mois.  
Les premiers mois, ma fille faisait des crises de panique dès 17h (les pleurs nocturnes du nourrisson), jusque tard dans la soirée et je devais m’occuper de mon fils d’un bras, et de l’autre bercer ma fille.
Seule.
Alors que les cris me stressent ÉNORMÉMENT. 

Je me suis sentie seule au monde pendant plus d’un an.  

Je me rappelle de moments où je me mordais la joue à m’en faire saigner pour retenir mes larmes lorsque je donnais à manger à mon Noam d’une main, et berçais de l’autre Éliana qui hurlait. Je ne parle pas de la bercer dans son transat avec le pied hein. Ce serait bien trop fastoche voyons, et je ne mériterais à ce moment-là pas ma cape de Wonder Woman 
Je parle de la bercer dans la SEULE position où les bébés se calment : celle où tu mets bébé sur le ventre, à plat sur ton avant-bras. Tu vois de laquelle je parle ? Celle qui te fais des biceps dignes de Hulk, celle qui te brûle lentement et sournoisement l’os en profondeur. 

Oui parce que tu pourrais être tentée d’essayer de t’asseoir un peu pour soulager tes plantes de pieds -actives elles aussi depuis plusieurs heures-  qui voudraient bien caresser le doux tissu du canapé plutôt que de continuer de s’écraser lourdement contre le carrelage de la cuisine. 
Malheur !! Malheur à toi !! Ne sais-tu pas que les bébés naissent avec un radar à positions qui enclenche larmes et cris stridents à la moindre détection de niveau inférieur à 180 degrés ? 
J’ai bien essayé plusieurs fois de m’asseoir sur le canapé ou sur une chaise, j’ai même parfois essayé un petit coin de table discrétos, ou bien simplement de m’adosser au mur. Mais non, le détecteur de position ultra perfectionné d’Éliana s’enflammait au quart de tour dès que mes jambes se pliaient à moins de 140-150 degrés. Autant te dire que pour le 90 degrés requis pour la position assise c’était une bataille perdue d’avance.  
Eh oui être maman c’est aussi maîtriser les mystères de la géométrie. C’était d’ailleurs bien la première fois depuis la remise de mon BAC que l’équerre et les degrés m’ont permis de résoudre un problème de la vie quotidienne. Comme quoi, la vie est parfois étrange…

Je me souviens également d’un jour ou en rentrant de la maternelle, Noam à la main et Éliana dans le porte-bébé, je m’étais retrouvée à porter Noam sur mon dos sous 35 degrés parce que  »c’est trop dur de marcher pour mes pieds de 3 ans ». Un de mes nombreux moments de solitude…

Je me suis longtemps sentie seule, incapable, dépassée, submergée par les responsabilités. Parfois j’appelais mon mari en pleurs pour lui dire que j’étais épuisée physiquement et psychologiquement.
 

J’aurais tellement aimé qu’il rentre à la maison après le travail pour tout lui déléguer et aller me prélasser dans grand bain moussant devant une émission débile. 
Mais qu’est-ce que j’aurai dû faire ? Lui dire de tout mettre de côté pendant plusieurs mois pour m’épauler, en prenant le risque qu’il loupe le coche et que son projet prenne l’eau ? 
Ma mère m’a toujours appris que la réussite du mari dépendait de la femme, qu’il fallait leur donner le moins de responsabilités possible, les alléger au maximum pour qu’ils puissent construire une belle carrière et réussir. C’est ce qu’elle avait fait avec mon père lorsqu’il avait monté son cabinet d’expertise comptable quand j’étais petite et qu’il travaillait comme un forcené. Et c’est grâce à elle et à son dévouement qu’il avait si bien réussi. 
Je voulais être comme ma mère, une Wonder Woman qui assure tout et qui permet la réussite de son mari. 
Mais ce n’était pas le bon moment. Pas quand on vient d’accoucher, pas avec un nouveau-né qui a besoin de tant d’attention, pas quand la maman perd pied et se noie dans son verre d’eau. 

A force de tout garder en moi et de vouloir absolument m’en sortir seule, il ne s’est pas rendu compte de l’ampleur de ma solitude et de ma difficulté. 
J’ai souvent eu la boule au ventre, la gorge serrée, les yeux humides. Mais je m’en suis sortie, Éliana a grandi et les difficultés se sont calmées. 

 

 

Maintenant ça va mieux. Mais ça n’empêche que devoir gérer la maison, mon travail et les enfants toujours toute seule reste un challenge.
En semaine j’ai l’impression d’être une mère célibataire. Il n’y a que le Weekend ou c’est plus simple car mon mari est là et nous faisons donc tout ensemble: bains, cuisine, ménage, marmaille etc…
Chaque jour est une éternelle course contre la montre, et c’est comme si mon cerveau avait du mal à tenir le rythme dans tant de domaines différents.  

C’est comme si j’étais à la fois une femme forte mais très fragile en même temps. Je me vois un peu comme un vase cassé que l’on aurait réparé en assemblant les morceaux avec de la super extra méga glue.  
Un vase solide mais avec des bases plutôt fragiles.  
C’est étrange, je ne saurais véritablement me définir. 
Je suis à la fois fière de moi-même, de ma volonté à être la meilleure des mams, et à la fois déçue de ne pas réussir à tout gérer parfaitement.  
Je suis sans cesse en quête de perfection. Mais ça fait partie de ma personnalité. Je passe ma vie à me culpabiliser et à me donner des notes sur chaque petite chose qui à été réussie ou non. 

 

Je pense que les rôles hommes/femmes dans la société, le couple et la parentalité sont de nos jours extrêmement mal répartis.
La femme 2017 doit assumer sa maison, ses enfants, son travail et elle-même. Oui parce que les gens ont souvent tendance à l’oublier mais avant d’avoir été épouse et mère nous avons d’abord été une personne, avec nos besoins propres.
Et l’homme ? Bah il doit assumer… son travail pardi ! Et éventuellement de temps en temps le ramassage de ses chaussettes sales pour les foutre dans le bac à linge.
Les tâches sont injustement réparties et ce sont les femmes qui en pâtissent.
Je pense que l’on n’est pas faite pour avoir tant de responsabilités, notre cerveau sature à force ! Moi en tous les cas je sais que ce n’est pas dans mes capacités. Même si je m’efforce. Mais je le fais car je me dois d’assurer pour faire fonctionner la maison. 

Alors pour m’apporter un peu de douceur je m’envoie des fleurs à moi-même: 
Je fais remarquer à mon mari tout ce que je fais, et je fais en sorte de me faire estimer à 10/10 à ses yeux. Toujours cette histoire de calculs et de notes, décidément c’est une obsession chez moi… 
Je lui raconte comme je suis attentionnée avec les enfants (délicatement bien entendu, genre de rien quoi).
Je lui décris comment j’ai (si bien!) réagi face à telle ou telle crise d’un de nos monstres, ou je les ai emmenés se promener, quels jeux super méga constructifs/ originaux/ éducatifs/ truc muche je leur ai achetés, etc.
Quels petits mets délicieux je leur concocte, le temps que ça m’a pris, la recherche sur internet ( oui parce que je suis une tare en cuisine, un jour faudra que je vous en parle).

Pour qu’il ne croit pas que tout ce que je fais est naturel.  

Non, tout ce que je fais n’est pas » naturel ». C’est beaucoup, c’est même énorme pour une seule personne. Mais c’est comme ça, alors je le fais et j’essaie de le faire au mieux. 

Je veux qu’il se rende compte de mes efforts fournis pour que nos enfants soient heureux et que l’on ait une jolie maison.

En fait les femmes doivent penser à tout. Toujours. Ça s’appelle la charge mentale, j’en ferais certainement un sujet prochainement, il mérite une chronique à lui seul.
Je ne suis jamais tranquille, j’ai toujours 1000 choses dans la tête je dois penser à tout alors que je DÉTESTE les responsabilités! Ça peut être du plus petit truc : penser de se rappeler de ne pas oublier d’acheter du pain pour le goûter de demain de Noam, au truc plus stressant: Éliana a loupé son dernier vaccin, elle va certainement choper une saloperie et être mise en quarantaine avant de se transformer en crapaud! 

Moi j’ai besoin de mon petit train-train tranquillou, détente, easy, foutez-moi tous la paix, je n’exiiiiiste plus pour personne!
Je veux me prélasser sous la douche sans penser au foutu pain de Noam que j’ai encore zappé de me rappeler de ne pas oublier d’acheter! Oula trop compliqué pour moi ces histoires de sandwichs…
Je veux pouvoir à 20h m’étaler sur mon lit, doigts de pieds en éventail devant ma série (d’ailleurs si vous en avez de bonnes je suis preneuse) sans entendre une porte grincer et apercevoir une p’tite chose toute collante s’approcher de moi pour me demander :  »C‘est quoi? C’est du choco? J’peux voir? C’est chaud? Fais voir je touche? Mais moi j’aime quand c’est brûlant! Hummm ça sent bon! Je peux goûter? C’est pas juste! Les chocos c’est pas pour les mamans d’abord! Alors tu m’en fais un dans un biberon? Et après tu viens me faire encore un câlin au lit? Mais un tout petit ? » 

Mais boooordeeel tu vas me laisser boire mon choco en paix et retourner dans ton lit tout de suite ou je t’y traîne à coups de pied au derrière, t’as compris?!! 

 

Signé: Une mam sans complexe (ou presque).

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  • 18 juin 2017

    Alors là comme je te comprend même avec un gosse, je sens la charge !!! On s’est fait arnaqué! De nos jours on doit et travailler et s’occuper des enfants et de la maison!!! L’arnaque du siècle ! !!

  • 18 juin 2017
  • 18 juin 2017
  • 18 juin 2017

    Merci , je suis tres bien prevenbue de ce qu’il m’attend grace a toi ! En tout cas ta chronique est super et j’en attend d’autre comme celle-ci !

  • 28 juin 2017

    Je me vois tellement dans tes mots ça ma fait pleurer car j essaie jour a jour que ma famille avance et je sens que mon mari avance pas on a beaucoup de probleme de moi je fais plus que toi et des charge qu il n arrive pas a comprendre comme c est epuisant d avoir a penser a tout tout le temps ça vas vraiment pas bien dans ce temps si je pense que je dois prendre une decision mais je sais pas la qu elle est meilleur pour mes enfants et ça me fait peur de prendre la mauvaise

  • 28 juin 2017

    Merci pour ce jolie texte. Je le retrouve dans vos paroles,même si je suis encore en congé mat. Mon mari m’a déjà dit tu as que ça a faire. Limite je pas le droit de dire que je suis fatiguée. OK il m’aide la nuit il prépare le bibi le temps que je l’a change et il retourne ce coucher quand je lui donne. Mais sinon c’est moi qui suis debout la moitié de la nuit bref.
    Gérer deux loulous dur dur quand même
    Merci beaucoup en tout cas cordialement

  • 29 juin 2017