Un jeudi soir en rentrant du parc...

Humour & Vdm

17h30– Je suis de corvée pour faire office de conductrice de locomotive pour rentrer du parc avec la marmaille. Sous 37 degrés, sur une pente abrupte, et en poussant respectivement 17kg (Noam) +13kg (Eliana) +6kg (la poussette) + 2,5 kg ( mon sac fourre tout) +mon propre poids ( classé secret défense).

Au bout de 20mn je me rend compte que mon déodorant ne fonctionne pas aussi bien que dans la satanée pub, et puis j’me dis que m’étaler dans la poussette en les laissant me pousser pour leur apprendre la valeur de l’effort serait certainement plus éducatif. Mais ayant trop peur de passer pour une mère indigne je laisse en fin de compte les leçons éducatives pour plus tard.

17h50J’ai juste envie d’envoyer valser mes fringues et de compter le nombre de crises cardiaque que mes seins  »gants de toilette » et mes féfèsses celluliteuses peuvent déclencher.
J’ai allaité 2 mômes et j’ai des kilos toujours pas perdus. Ce soir, c’est certain: C’est mon heure de gloire! Je m’apprête à battre un record. Surtout si des gouttes de transpiration viennent enjoliver le tableau.

 18h– Enfin arrivés à la maison je leur prépare une de mes fameuses tables de  »mam fainéante » sur la terrasse. Je les installe et admire avec tendresse mes p’tites assiettes préparées de tout mon cœur. Mais Noam décide de taper une crise parce qu’ Eliana a eu (apparemment) plus de thon-mayo que lui.
Malheurs, j’ai oublié de peser leurs assiettes pour vérifier leur exacte égalité avant de la leur remettre!

Noam en est très jaloux et sort donc naturellement à  Eliana  » toi, tu es un caca ». Eliana ne se démonte pas et lui tire la langue en le traitant de bébé. Une discussion très intellectuelle s’en suit alors entre eux. Mais je ne vous en dirais pas plus par respect pour leur intimité…

18h07– Étalée en étoile de mer sur mon canapé, je sursaute en entendant Noam hurler parce qu’il a fait tombé son thon-mayo en le mangeant AFFALÉ sur sa chaise.
Et ba oui tu crois quoi mon p’tit bonhomme? Dans cette position, vu la distance entre ta bouche et ton assiette le thon mayo a eu le temps de réfléchir 10x à son triste ( futur) sort et a certainement tranché qu’il lui serait préférable de faire le grand saut par terre plutôt de d’atterrir dans ta bouche et de finir aux chiotes!
2mn après je le surprend en train d’essayer de marchander avec sa petite sœur pour qu’elle lui donne le reste de son thon contre une moitié de petit beurre -datant de la préhistoire- trouvé par terre.
Ah ces feujs…

18h21– Apres avoir refait la déco de la terrasse avec du thon mayo par terre, du choco en flaques sur la table et les restes du cendrier éparpillé par terre, mes 2 choses toutes collantes sont envoyées dans la salle de bain pour le brossage de dent du soir.

Noam devient tout d’un coup trop fatigué et n’a plus la force d’ouvrir la bouche…
Je l’attrape par la main et l’assoit sur moi. Il se débat et donne des coups de pieds dans tous les sens.
Je dis à Eliana (qui tente de se sauver de la salle de bain) de rester à côté parce que c’est bientôt son tour.
Mais elle trouve le rythme de son grand frère vachement cool et commence elle aussi  à m’envoyer des coups de ses petites mains potelées.
Sur la jambe. Sur le dos. Sur le bras.
Je sers les dents.  »N’ouvre pas la bouche ma poule, sinon tu vas hurler si fort que t’aura même pas finir de brosser les dents de Noam que tu verras une armée d’assistantes sociale défoncer la porte de ta baraque et embarquer tes mômes ». 
Ça boue en moi. Mais je réussi a retenir mes rugissements. Eliana continue de plus belle, et ça amuse à présent Noam qui rit à gorge déployée tout en crachotant ci et là des éclaboussures de mixe de bave-dentifrice-bulles-reste de thon mayo..

A ce moment-là, je comprends l’expression favorite de ma mère  » En prendre un pour taper sur l’autre ».
J’ai longtemps eu du mal à visualiser la scène; et petite, je trouvais cette expression extrêmement violente.
Ce soir j’ai compris. Et j’ai fantasmé dessus pendant au moins 2 minutes,  je le confesse.

18h29– J’envoie Noam dans sa chambre et attrape Eliana.
Elle se débat, crie, pleure, et met les mains devant sa bouche pour que je n’espère même pas effleurer ses petites quenottes de la brosse à dent.
Je lui coince un bras sous mon aisselle  et essaie de lui retirer ses mains de la bouche avec ma main de libre. Mais c’est qu’il a de la force ce petit gnome!!
Je bas en retraite. Qu’elle aille au lit sans se laver les dents après tout, je n’ai pas le courage d’essayer la méthode bienveillante. Je suis trop fatiguée et sur les nerfs. Mieux vaut capituler plutôt que tout ça ne se termine dans un bain de dentifrice.

18h40– Noam me supplie de leur lire une histoire avant d’aller se coucher. Une  »toute petite riquiqui ».
C’est d’accord. Il sort le livre de la chenille qui avait faim. ( encore celui la!! )
Je débute la lecture mais il m’interrompe:  » non c’est moi qui raconte, je connais tout bien ce livre ». 
Ok, vas-y, raconte nous coco. 
J’ai passé 8mn à le féliciter en lui disant à quel point il racontait bien les histoires, comme il avait une super mémoire etc.., etc…
A la 9em minute de lecture, quand Eliana m’a vu faire une tentative de micro sieste, elle m’a sauté sur le ventre. J’ai cru que je n’allais plus jamais pouvoir enfanter. ( pas que cela soit prévu prochainement, mais tout de même! )
J’ai voulu lui sauter dessus à mon tour pour lui montrer l’effet que ça fait et puis une expression très populaire m’a traversée l’esprit:
 »Faites l’amour, pas la guerre ». 

Ah non, ne faites pas l’amour, ça fait des enfants, c’est chiant… 
Faites des crêpes, c’est mieux les crêpes, c’est bon les crêpes.

Jeudi prochains je ne les emmènerai pas au parc tient, on fera des crêpes à la place…

Signé: Une mam sans complexe, ou presque…