Pourquoi j'ai retiré Eliana de sa nouvelle crèche au bout de 3 jours d'adaptation

Ma vie de maman

Le choix des crèches et des maternelles…

Comme toute mère louve, chaque année, je fais la tournée des crèches afin de trouver le meilleur endroit qui accueillera mes loulous.
Jusqu’à 3 ans, j’estime que ce dont un bébé a besoin en priorité c’est d’amour, de bienveillance et d’attention. Et pour cela, je choisis toujours de mettre mes enfants dans de petites structures qui accueillent moins de 10 enfants afin d’être certaine que les puéricultrices pourront leur donner l’attention dont ils auront besoin.
Je ne suis pas fan des crèches classiques ou 3 puéricultrices se démènent à gérer plus de 30 enfants, ou c’est bruyant, ça pleure, ou les enfants ne reçoivent pas forcément toute l’attention et l’affection dont ils ont besoin à cet âge-là.
Mais cette année j’ai changé de ville, et j’ai donc dû inscrire Eliana selon des recommandations sans avoir préalablement visité l’endroit, ni avoir vu les dames qui s’occuperont de la classe.
Je savais juste que la puéricultrice était super, qu’il n’y avait  »que » 13 enfants et que le prix était imbattable.

Vendredi matin lorsque je pousse la porte de la crèche avec mon mari et Eliana sous le bras… grosse déception…
Très vieille bâtisse, petite classe sombre et exiguë. Quelques mètres carrés de gazon synthétique sans balançoire, ni toboggan, ni sable en guise d’air de jeux.
Je sens le stress monter d’un coup.
Les vieilles bâtisses me foutent le cafard, l’angoisse, elles me donnent envie de pleurer. Je préfère de loin les nouvelles constructions qui sont généralement plus grandes, plus spacieuses, plus lumineuses, plus accueillantes. Qui dégagent de bonnes ondes quoi.

J’ai tout de même tenté de me raisonner:  »C’est toi qui ne supportes pas le vieux, mais ta fille n’a que 2 ans et ne voit peut être pas la différence. Ce qu’elle retient elle c’est l’ambiance générale et son lien avec la puéricultrice. Le plus important, c’est qu’elles soient douces, tendres et patientes. Alors calmes toi et fais un grand sourire. »
La puéricultrice est de l’autre côté de la pièce parmi les enfants. Je lui envoie mon plus beau sourire. Un sourire immense et ultra- bright, digne des publicités pour dentifrice. Celui que je réserve pour les grandes occasions.
Mais je ne reçois qu’un bonjour de loin peu enthousiaste, accompagné d’un sourire aussi peu convaincant…
Elle n’est pas venue vers nous, ne s’est pas présentée à ma fille avec qui elle va passer une année entière, ne s’est pas approchée faire connaissance…
Alors qu’elle n’était pas forcément occupée ni avec d’autres parents, ni avec d’autres enfants.

Elle était peut-être simplement timide devant les parents…
C’est ce que j’ai essayé de me dire…
Alors oui, on peut être timide et ne pas réussir à être naturelle devant les parents, mais pas 3 jours d’affilés.
Et puis il n’y pas vraiment le choix en réalité. Il est de son devoir de rassurer les parents en leur montrant qu’elle a remarqué la présence de leur enfant et qu’ils peuvent leur faire confiance et partir le cœur léger. Il est de son devoir d’accueillir chaque enfant individuellement et lui faire sentir que si maman part, il aura quelqu’un sur qui compter, quelqu’un qui le rassurera et le consolera.

J’aurais aimé la voir venir vers chaque enfant avec un grand sourire pour leur dire quelque chose du genre  »Coucou, comment tu t’appelles ? Moi, je suis ta nouvelle nounou pour cette année, on va passer de supers moments ensemble, je sais que c’est dur et je comprends que tu pleures parce que maman va partir, mais ne t’inquiète pas, je vais te faire de gros câlins, viens voir avec moi les nouvelles poupées ! »

La puéricultrice plus âgée était assise par terre dans un coin, à lire une histoire, entourée d’enfants qui pleuraient.
Ça aurait pu être un joli tableau si je ne m’étais pas attardée à l’observer.
Ca sonnait faux.
Une histoire lue sans entrain, de manière détachée…je n’ai à aucun moment trouvé son comportement ni investi ni spécialement bienveillant. Les enfants devaient le ressentir parce qu’aucun d’eux ne s’est calmé.
Quand je suis partie, j’ai dû laisser ma fille en pleurs sur le pas de la porte. Mais, je n’ai vu personne la prendre dans les bras pour la réconforter. J’ai juste entendu de loin  »Non, ne pleure pas ».

Cette phrase m’a irrité.
Dire à une personne triste d’arrêter de pleurer… super intelligent comme manière de consoler…la bonne blague…
Je suis retournée à ma voiture et j’ai pleuré de longues minutes. De l’avoir abandonné dans un endroit qui ne me plaisait pas, avec des puéricultrices dont je ne savais quoi penser.

Le lendemain, lorsque je suis arrivée, les enfants étaient en train de prendre leur petit-déjeuner.
Une maman était assise près de son fils, puis elle s’est levée et est partie. Le petit garçon a commencé à pleurer et s’est réfugié sous la table en serrant son doudou.
15 minutes son passées.
15 longues minutes ou je n’ai vu personne essayer de le sortir de sous la table pour le consoler. 15 minutes ou mon cœur a pleuré avec lui en m’imaginant Eliana sa place, seule sans aucune considération et pitié de la part des adultes qui sont censés la réconforter et la calmer.

La seule phrase qui lui a été adressé a été  »Sors d’en dessous, viens manger, arrête de pleurer ». Phrases sorties sur un ton peu compatissant.
J’ai ri jaune intérieurement. Comment peut-on à ce point manquer de compassion et de compréhension?
Pourtant, elles n’étaient pas forcements débordées. La plus âgée était occupée à débarrasser la table et à nettoyer; et la plus jeune à débuter une activité avec les autres enfants.
Apparemment le programme de la journée primait sur la tristesse du petit garçon.

Ce petit garçon a dû se sentir doublement abandonné. Tout d’abord par sa maman, puis par ses puéricultrices. Ça fait beaucoup de tristesse  je trouve, pour un enfant de deux ans.
Il a fini par sortir de sous la table pour courir vers la porte fermée à clef par laquelle sa maman était partie un peu plus tôt.
La plus âgée des puéricultrices l’a rattrapé et lui a saisi le bras en lui disant fermement  »Non, tu ne sors pas d’ici. »

J’EN SUIS RESTEE SANS VOIX.

J’aurais aimé qu’elle le prenne vers elle avec douceur, qu’elle s’accroupisse à sa hauteur pour lui dire  » Je sais à quel point c’est difficile de voir ta maman partir, mais elle va bientôt revenir ne t’inquiète pas, et nous en l’attendant on va s’amuser à un tas de jeux et tu vas te faire plein de copains, viens je vais t’aider à prendre ton petit déjeuner ».
Mais non.
Et à nouveau, mon cœur a pleuré avec lui.

 

le surlendemain, j’ai emmené Eliana la boule au ventre. J’avais demandé à ma mère de m’accompagner et d’observer pour qu’elle me donne son impression.
J’ai vu ses sourcils se froncer dès le pas de la porte passé.
Une petite fille était dans coin, pleurant sa maman partie. Une des puéricultrices était en train de ranger les jouets. Au bout de 15 minutes, je lui ai fait la réflexion que la petite avait vraiment l’air désespérée. Elle m’a répondu que oui, mais qu’il fallait quelle s’habitue et que les premières minutes il ne fallait pas l’approcher sinon elle frappait.
Sauf que là ça faisait déjà plus d’un quart d’heure qu’elle versait de grosses larmes dans son coin. Et que personne n’était allé la consoler.

Puis on m’a dit de partir,  »parce qu’il serait plus facile pour ma fille de se calmer si je ne restais pas trop longtemps ». Je l’ai tendu à la puéricultrice pour la mettre dans ses bras, pour être certaine qu’elle n’allait pas rester par terre en pleurant toute seule, et puis je suis sortie avec ma mère.

Mais je n’ai pas pu partir, je n’étais pas tranquille.
On est resté derrière la porte à écouter.

Ma fille s’est mise à pleurer. J’ai entendu une puéricultrice lui répondre  » Tu veux que j’appelle ta maman pour que tu lui parles? Non ne pleures pas, si tu ne t’arrête pas de pleurer je n’appellerai pas ta maman ».
Et là, j’ai regardé ma mère et j’ai explosé en larmes. S’en était trop.

Ma fille n’a que 2 ans. Et quand elle pleure je la réconforte, je l’écoute et j’essaie de comprendre ce qu’il se passe. Je n’essaie pas d’avoir la paix et le silence en marchandant  »tais-toi et tu auras une glace/un dessin animé/un appel ».
La tristesse de ma fille est légitime, et j’aimerais qu’on l’écoute et la rassure plutôt qu’on essaye de la faire taire pour sa tranquillité et son confort personnel.
Je ne console jamais mes enfants en leur disant  »ne pleures pas ». J’acceuille leur larmes en leur disant que je comprend leur chagrin.
Je suis à l’écoute.
Je n’essaie pas de les faire taire pour ne surtout plus avoir à entendre leur pleurs.
La négation de la tristesse d’autrui m’est insuportable.
Et ce n’est pas parce que je ne la comprend pas que je doive la délégitimiser, la dédramatiser ou pire, la faire taire.

J’ai toujours mis un point d’honneur à ne jamais mentir à mes enfants, à ne jamais leur promettre quelque chose pour obtenir silence ou obéissance sans avoir l’intention de tenir mon engagement. Et je ne supporterai donc pas qu’on fasse des promesses vaines à ma fille, lui enseignant que l’on peut mentir pour obtenir satisfaction. Lui enseignant que ma petite tranquillité personnelle et mon besoin de silence prévalent sur ses émotions.

Alors oui parfois (souvent en fait, les cris me crispent) j’ai juste envie de leur coller du scotch adhésif double épaisseur sur la bouche pour qu’ils se taisent enfin et arrêtent de chouiner.
Mais je ne le fais pas.
Je prend sur moi.
J’apprend la patience même si j’en manque cruellement et que tout en moi a envie d’exploser. Et c’est ce que j’attend d’elles.
Patience et bienveillance.

Ma mère m’a vu sangloter et a décidé   »C’est bon-là, on en a assez vu et entendu non mais qu’est ce que c’est que ce comportement, va à la voiture, je vais la récupérer ».
Elle est rentrée, a attrapé Eliana et est ressortie sous les yeux incrédules des 2 puéricultrices.

 

 

Lorsque je suis rentrée chez moi, tout en appelant à droite et à gauche pour avoir des renseignements sur d’autres crèches je me suis posée des questions sur ma décision.  
Est-ce que j’avais bien fait de la retirer comme ça ? Est-ce que je n’en demandais pas trop, n’étais-je pas trop exigeante ? Eliana n’aurait-elle pas fini par s’habituer à l’endroit et à la manière dont on s’occupe d’elle? 
Et puis je me suis dis que non.

Non, je n’investis pas mon coeur et mon âme dans l’éducation et l‘attention que je porte à mes enfants pour les voir être traités comme des êtres inférieurs aux adultes dont les sentiments et les besoins peuvent être rejetés .  
Ils vont avoir toute leur vie pour faire face à l’indifférence, pour se sentir seuls et en insécurité. Mon devoir de maman est de les préparer à cela du mieux possible.
En leur donnant un amour inconditionnel, en les écoutant, en essayant de les comprendre de mon mieux, et en prenant leurs sentiments au sérieux.
 
 
Je n’ai pas envie que ma fille ressente ces sentiments négatifs si jeune. C’est bien trop tôt.

Non je ne pense pas être une emmerdeuse qui a toujours à redire sur la manière dont les gens s’occupent de mes enfants.
Non, je ne suis pas une maman chiante.

 je suis INVESTIE. 

Oui, investie, voilà une manière bien différente de voir la chose.

Parce que les enfants sont ultra-sensibles.
Leurs sentiments sont bien plus puissants que ceux des adultes.
Parce qu’ils ressentent les choses plus intensément que nous.
Pour tout cela, j’accorde une place particulièrement importante 
à leur ressenti, à leurs pleurs, leurs colères, leurs chagrins, leurs émotions.

Parce que lorsque je leur confie ma fille, je leur confie mon âme, ma raison de vivre. Qu’elle va passer 8h avec ses assistantes maternelles. 8 longues heures.
Bien plus de temps que celui passé avec moi cette meme journée. Et puisqu’elle passera plus de temps avec elles qu’avec moi il faut absolument que ca soit avec des personnes bienveillantes et investies.
DES FEMMES QUI AIMENT LEUR MÉTIER, PAS DES FEMMES QUI N’ONT SIMPLEMENT RIEN TROUVÉ DE  »MIEUX » Á 
FAIRE.

Mon instinct m’a crié dès les premières minutes que cette crèche n’était pas en adéquation avec l’éducation à laquelle j’aspire pour mes enfants et je suis bien contente de m’être écoutée.  
J’en ai trouvé une autre à 2mn de la maison, neuve, spacieuse, lumineuse, avec des assistantes maternelles du tonnerre qui prennent Eliana dans leur bras, la réconfortent, la mouchent, lui proposent à boire, la font chanter et sourire.   
Bref, tout ce que j’attends d’une crèche.  
Elle coute presque 200 euros de plus que la premiere mais la tranquillité n’a pas de prix.
Et je la laisse dans leur bras le cœur léger.  

J’ai séché mes larmes.

Une mam sans complexe (ou presque).