Un jour, j'ai dû choisir entre mes enfants et mon travail... L'année ou j'ai pété les plombs

Ma vie de maman

Il y a encore un an, j’avais 2 petites entreprises.
Sarah Creation, une boutique en ligne où je vendais des foulards, turbans, bérets, etc créés par moi-même ; et je m’étais lancée avec une amie dans la création d’articles pour enfants.
Ça faisait 2 ans que je voulais commercialiser des décorations pour enfants, mais je ne me sentais pas le courage d’entreprendre cette aventure seule.
Puis un jour, une copine dont je n’avais pas eu de nouvelles depuis plusieurs années m’a demandé si ça me disait que l’on s’associe pour créer notre propre marque. C’était une évidence! Comment n’avais-je pas pensé à elle plus tôt ? On avait exactement les mêmes goûts et on s’entendait très bien, j’allais enfin pouvoir m’éclater dans la création!

C’est comme ça qu’est né So Chou. Notre  »petit bébé » à Sarah S et à moi, comme elle aimait l’appeler.
Pendant 6 mois, 2 fois par semaine après notre journée de travail, puis notre  »seconde journée » avec les enfants; nous avions une  »3em journée » entre 20h et 1h du matin ou nous bossions comme des acharnées sur notre projet. Créant nos fameux  »tours de lit nuage », qui sont maintenant devenus les plus recommandés dans le domaine du tour de lit pour bébé.
C’était intense, excitant. On débutait à peine que déjà les commandes fusaient de toutes parts, le succès a été si rapide qu’il nous a prises au dépourvu.

Puis mon amie a lâché son premier travail et moi, j’ai mis de côté les foulards pour que l’on puisse se consacrer à plein temps à So Chou.
Mon emploi du temps était très chargé.
-Je me levais à 7h du matin, puis on travaillait ensemble sur les commandes du dimanche au jeudi de 9h à 16h.
-Entre 16h et 19h30, je m’occupais de la maison et des enfants.
-2 soirs par semaine, on se retrouvait entre 20h et minuit pour dessiner et concevoir de nouveaux thèmes, de nouveaux articles.
-1 soir par semaine, nous allions à un atelier sur l’éducation bienveillante.
-1 soir ou 2 par semaine, je préparais mes commandes de foulards.
Il ne me restait au final plus qu’une seule soirée pour me détendre. C’était le comble pour une fille férue de liberté.

Au début, la fatigue ne s’est pas fait ressentir.
Plus je travaillais et plus j’étais fière de moi. Mon amie était une machine de guerre en matière de travail, et je voulais suivre la cadence, prouver mon sérieux et mon investissement. Elle avait de grandes ambitions, et je me suis laissé bercer par ses rêves XXL, me les appropriant à mon tour.
Sa force et son enthousiasme me portaient tandis qu’une lassitude profonde s’installait en moi.

Au bout de 6 mois, j’ai commencé à avoir du mal à être sur tous les fronts.
Ma  »2em journée » avec les enfants commençait à devenir une véritable bataille pour réussir à tout terminer a temps avant mes soirées de travail.
C’était une course effrénée contre la montre.
Je disposais de 3 misérables petites heures pour m’occuper de la maison, des repas, des enfants, gérer leurs crises, leurs colères, leurs besoins d’attention, puis me doucher pour ensuite ressortir.
Et, débordée par la quantité de tâche à exécuter en un temps si restreint, je devenais rapidement une boule de nerf géante prête à exploser à tout moment.
Je passais mon temps à courir dans la maison, à crier, à donner des ordres et à ressentir un stress intense. Il fallait que tout soit bien fait, et surtout rapidement.
J’avais une boule au ventre en permanence.
Je n’aimais pas la maman que je devenais.

Sous prétexte de vouloir me prouver que je pouvais avoir de grandes ambitions, et portée par le désir que mon mari soit fier de moi, j’ai petit à petit délaissé l’éducation de mes enfants. N’ayant plus de force, ni de patience pour eux.
Lorsqu’une fois au lit, j’observais le tableau de mes journées -de mon comportement, de mes réactions- je voyais une toile vide, parsemée de taches noires informes.
Et c’était loin d’être de l’art, comme l’art contemporain s’évertue souvent à nous faire croire. C’était juste un beau bordel créé à de coups de pinceau allant dans tous les sens, et au tracé incertain et gauche.
Ce n’était pas un tableau joli à admirer.
J’avais honte. Je m’en voulais.

J’ai cru que je serai suffisamment forte pour être de ces femmes qui ne comptent pas leurs heures de travail, une épouse dévouée, une mère aimante et une femme épanouie en même temps. Je pensais vraiment que je pouvais y arriver. Que tout n’était qu’une question de volonté.
Mais j’appelais souvent mon mari en pleurs après avoir couché les enfants pour lui dire que je n’en pouvais plus, combien les enfants avaient été durs, que je ne m’en sortais pas et n’arrivais plus à gérer tout ça toute seule.
Il me disait que je travaillais trop qu’il fallait ralentir le rythme.
Il avait raison et nous avons donc supprimé nos soirées de travail. Mais il y avait toujours un des enfants malade, des vacances scolaires ou un motif personnel qui faisait que je me retrouvais irrémédiablement à rattraper mes heures de travail le soir.
J’ai donc continué à travailler intensément, tout en me supportant de moins en moins.

C’est à cette époque-là que j’ai frappé Noam pour la première fois de ma vie ; il avait 4 ans et demi. Moi qui m’étais jurée de ne jamais lever la main sur mes enfants. Moi qui clamais sur tous les toits que le parent n’a aucun droit de violence sur le corps de son enfant…
C’était un matin. Notre voisine nous attendait pour nous prendre en voiture pour aller à la maternelle. Mais Noam était fatigué, il s’était levé de mauvaise humeur et tout avait été sujet à dispute. Il ne voulait rien faire. Après avoir passé la première heure de sa journée à embêter Eliana, à retourner littéralement sa chambre et à hurler, il a fallu partir.
Mais il ne voulait pas mettre ses chaussures. Notre voisine nous attendait déjà, alors qu’on était toujours pas prêt puisque Noam m’avait fait prendre beaucoup de retard.
Lorsque j’ai voulu lui mettre ses chaussures, il a commencé à me donner des coups de pied en hurlant et en se débattant.
Au bout de 2 minutes à me prendre des coups et à supporter ses cris stridents, à bout de nerfs, je lui ai mis une gifle sur le mollet. Le coup nous a choqué tous les deux.
Il s’est calmé illico et s’est laissé chausser sans broncher…
Heureusement que ce jour-là le soleil frappait fort et que j’ai pu mettre mes lunettes de soleil. Parce que pendant tout le chemin de la maternelle (j’avais fini par les emmener à pied). Je pleurais en silence, sans réussir à contenir mes larmes et ma tristesse.
La déception de moi-même. 

Lorsque je suis arrivée chez ma copine et que j’ai enlevé mes lunettes de soleil mes yeux étaient déjà rougis d’avoir tant pleuré.
Elle m’a regardé et a compris instantanément que quelque chose n’allait pas.
Et puis j’ai éclaté en sanglots.
Pour la première fois de ma vie, j’avais levé la main sur mon fils.
Et ce que j’avais lu dans ses yeux à ce moment-là m’avait retournée.
J’y avais lu de la peur, de l’incompréhension, de la stupeur, de la tristesse et de l’humiliation.
Je m’en suis tellement voulue…
C’est à cette époque-là aussi que quelques fois, complètement dépassée, je l’avais enfermé dans sa chambre pour qu’il se calme.
Je faisais exactement tout le contraire de ce que je savais être bien pour eux.
Et tout en le faisant, je me détestais.
Mais je ne pouvais pas faire autrement. Je n’avais pas le temps.
Comment pouvais-je en 3h ranger la maison, passer l’aspirateur, étendre une machine, plier le linge et le ranger, préparer à manger, faire manger les enfants, les doucher, les habiller, leur raconter une histoire, leur faire des câlins, me doucher moi-même et avoir en plus de la patience pour les crises, les disputes, les demandes d’attention, etc…

Ce n’était juste pas possible.
Il y avait trop de tâches à accomplir, pas assez de temps.
Trop de stress, pas assez de patience.
Je sentais que le contrôle sur ma vie m’échappait totalement, je buvais la tasse dans une mer complètement déchaînée.
Une chose était en trop et il fallait supprimer un élément de mon équation défaillante.

J’avais : mon couple, mes enfants, moi-même, ma maison, Sarah Création et So Chou.
Cela faisait 6 domaines dans lesquels je voulais exceller, et m’investir à fond.
Mais une chose était en trop pour mon équilibre, mes capacités.
J’en avais trop sur les épaules, il fallait que je me délaisse d’une de ces 6 obligations.

-Mon couple: mon mari est le pilier de ma vie. Il est la perle rare dont j’ai toujours rêvé, qui me comble et me complète. Et pour lui prouver mon amour, j’ai besoin de temps et de sérénité.
-Mes enfants: l’éducation et le bonheur de mes enfants sont le moteur de ma vie. Je suis une maman extrêmement investie et aux petits soins.
Je lis des tas de livres sur l’éducation, ai participé à 2 stages sur l’éducation bienveillante et travaille mon rôle de maman tous les jours que Dieu fasse. Il était donc impensable de me contenter du minimum pour eux.
-Moi-même: j’ai également un besoin fondamental de prendre soin de moi-même, d’avoir du temps de libre, de faire du sport, d’avoir une passion. J’ai besoin de prendre soin de moi-même afin de réussir à prendre soin des autres.
-Ma maison: le rangement et la propreté de ma maison sont également essentiels afin de me permettre d’avoir la tête claire et permettre à mes pensées d’être ordonnées. Et vu la quantité de conversations philosophiques avec moi-même que mon cerveau emmagasine chaque jour, c’est vous dire à quel point il a besoin d’ordre !
-Sarah Création: c’est mon entreprise depuis 8 ans, j’avais investi énormément d’argent et d’énergie dedans. À mes débuts, j’étais une des seules créatrices de foulards aussi bien en France qu’en Israël. Après toutes ces années je ne me voyais donc pas tout arrêter.
Il ne restait donc que So Chou, ma belle aventure qui était venue déséquilibrer mon équilibre parfait, ma tranquille petite vie.
So chou m’apportait beaucoup de satisfaction et de reconnaissance, mais je perdais pied dans ma vie personnelle…
J’avais cru pouvoir. Je voulais pouvoir. Mais je n’ai pas réussi.

Un soir, après avoir pleuré pendant 2h au téléphone avec ma mère, je me suis rendue compte que je n’étais plus heureuse depuis plusieurs mois.
Cela faisait un an que je donnais le meilleur de moi même, que je luttais contre ma véritable nature mais que malgré toute ma bonne volonté je ne m’en sortais pas.
Que je n’étais pas une femme de carrière, mais une femme dévouée à sa famille et qui a un besoin fondamental de temps libre pour se ressourcer.
Qu’en me forçant à être une personne que je n’étais pas réellement, je ne me respectais pas.
Ni moi, ni mes valeurs, ni mes besoins, ni mes envies.
Que j’étais trop ambitieuse pour la réussite de mon couple ,l’éducation de mes enfants et mon bien-être personnel pour pouvoir encore garder de l’énergie pour ma réussite professionnelle.
C’était comme un gros gâteau dans lequel il manquait une part. Et que si je voulais en couper une supplémentaire, ce serait au préjudice de la qualité des autres. Et je ne le voulais pas .

Le lendemain, j’ai annoncé à mon amie que je quittais l’aventure, qu’il fallait que je retrouve mon calme, ma sérénité, la simplicité de ma vie d’avant. 
Il y a eu beaucoup de larmes (encore!), d’appréhension, de questionnements. 
Mais depuis notre séparation une amitié très forte s’est tissée entre nous et je peux la compter parmi les amies auxquelles je tiens le plus dans ma vie. Et leur nombre tient sur les doigts d’une seule main.
 
Depuis 1 mois, j’ai repris la décoration de chambre pour enfants, ça me manquait trop. 
J’ai lancé ma marque de tours de lit muraux pour enfants, je l’ai appelé Rêves d’or. 
Mais je suis seule, je fais les choses à mon rythme, sans obligation, sans pression. Je prends le nombre de commandes qui me conviennent, pas plus. 
Et on s’appelle avec Sarah pour se demander conseil pour nos thèmes en communs, ou respectifs. On se donne des tuyaux ou bien on râle ensemble.
On s’est acheté des oreillettes pour nos téléphones et on peut maintenant continuer à refaire le monde tout en travaillant.
On a beaucoup appris l’une de l’autre pendant cette année à travailler ensemble.

J’ai bien conscience d’avoir eu beaucoup de chance d’avoir pu choisir entre mon travail et mes enfants.
Alors que la plupart des femmes de nos jours, n’ont pas d’autre choix que de tout gérer seule.
Ne pouvant se contenter que d’une maison moyennement rangée, d’une éducation moyennement investie, et d’un mariage moyennement construit. Malheureusement, la société et le mode de vie actuel nous obligent souvent à négliger notre vie personnelle au profit de notre carrière. Et la crise obligeant, nous n’avons pas d’autre alternative.


So Chou fut une très belle aventure, j’espère que Rêves d’or rencontrera le même succès.

Je crois très fort en mon projet et ca ne peut que bien se passer… Tranquillement…

Signé: Une mam sans complexes (ou presque)…

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  • 7 janvier 2018
  • 7 janvier 2018

    Très émouvant !!! Tu as fait le meilleur choix que tu puisses faire, ton mari, t’es enfants, toi, c’est le plus important dans la vie et je suis sûre que tu auras une belle réussite dans tout ce que tu entreprends !

  • 7 janvier 2018
  • 8 janvier 2018

    Bonjour
    J’ai lu avec une grande attention votre article. j’en ai eu les larmes aux yeux !

    Bravo d’avoir fait un choix, ce n’est pas toujours simple, et on peut vite avoir des regrets !

    C’est pourquoi j’ai créé http://parententrepreneur.fr ! Pour que l’on trouve ensemble toutes les clefs pour ne plus être sur tous les fronts obligatoirement, trouver un équilibre de vie !

    Votre expérience a du être enrichissante, et, j’ai l’impression qu’elle vous a rendu plus sereine, non ?

    Au plaisir
    Evan, un papa patron bienveillant

  • 3 juin 2018

    Bonjour. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre article. Et je dois l’avouer avec beaucoup d’émotionq aussi.
    Personnellement, ma compagne me demande de renoncer a la garde alternée pour etre plus avec zlle. Nous vivons a 1h l’un de l’autre. J’ai très peur de la.perdre. Je suis en plein désarroi. Renoncer a voor ses enfants est aussi terrible. Ils m’en.voudront. Elle me.dit que je ne fais aucun choix pour elle.

  • 17 novembre 2018