Après avoir passé 40mn à endormir Eliana – pendant que son grand frère patientait gentiment sur le canapé en picorant des croûtons parce que je n’avais pas le temps de m’occuper de son repas – Eliana finit enfin par fermer les yeux et avoir une respiration calme. La fameuse respiration de celle qui dort paisiblement (croyais-je !).

Attention, opération dépôt de bébé en cours !
Centimètre par centimètre, mes bras se rapprochent en tremblotant de son lit. Je lui cale un lange sur le côté de sa tête et entame une petite berceuse pour tenter de détourner son attention de son corps qui se sépare du mien.
Mes mains ont enfin touché le drap, il ne reste que ces put*** de doigts, coincés à présent entre son dos et son matelas. Je les retire un à un, priant silencieusement pour que je ne sais pas par quel miracle, ils s’aplatissent comme une crêpe pour ne faire plus qu’un avec le matelas. La récupération de doigts réussite, je me retranche plus vite que mon ombre derrière son tour de lit en attendant avec angoisse une éventuelle réaction, révélatrice de ma piteuse défaite….

Niet… Je coupe donc ma respiration et, à moitié suffocante, je me dirige leeeeentement à 4 pattes vers la sortie de sa chambre…
Alors pourquoi à 4 pattes me demanderez-vous ?
C’est simple ! Si au moment où je sors debout elle lève la tête et se retourne… Et bien elle me grille en train de m’échapper et donc se remet à pleurer. Mais si je sors à 4 pattes, qu’elle lève la tête et se retourne, et bien elle ne voit absolument rien… Et la plupart du temps elle repose donc la tête et referme les yeux…
Eehhh oui, ya du vécu, de l’expérience et beaucoup de réflexion derrière l’évasion de chambre à 4 pattes.

Un regain de foi s’empare de moi, je me mets à implorer avec ferveur le Dieu de ‘’l’arnaque au dodo’’, tout en me rapprochant progressivement de la liberté.
Et, lorsque je suis tout prêt de la porte, je me relève délicatement, priant (et oui, encore! certaines situations me rendent soudainement très pieuse) pour que le claquement de mes articulations ne la réveille pas, compromettant ainsi mon évasion.
En position mi-4 patte mi-debout (genre grenouille prête à détaler), je m’aventure un dernier petit coup d’oeil en direction de son lit, avant poser ma main frémissante sur la poignée libératrice qui me mènera enfin vers la délivrance…

Le moment de vérité est là…
La poignée grince, mon cœur s’affole, ma respiration devient saccadée.
Ma tête pivote au ralenti de 90 degrés et… s’arrête sur une vision d’horreur !
Eliana bien éveillée, la tête entre les barreaux, m’observait d’un regard mi-interrogateur, mi-supplicateur me faire la malle en douce à 4 pattes depuis le début !

Prise en flagrant delit d’abandon…
VDM ,je viens de me taper la honte de ma vie, face à une petite chose d’à peine 3 mois.

Signé: Une mam sans complexe (ou presque!)